Marie Claire - France 809

Avant et après Adèle Haenel C’était un lundi soir, tard dans mon lit, je devais préparer une intervention pour le lendemain 8 h 30. Adèle Haenel avait parlé, avais-je vaguement perçu dans la journée. J’ai voulu l’écouter. Vite fait, il fallait que je travaille. J’ai lancé la vidéo sur YouTube. Une heure et trois minutes plus tard, j’étais soufflée par ce que je venais de voir et d’entendre. Adèle Haenel, dans son pull blanc, venait de transpercer le ciel. De fracturer, par ses mots, par la façon de dire ses mots, le monde ancien des hommes. Voici une victime forte de 30 ans. Nous sentons autant sa souffrance que sa détermination. Fébrile autant qu’implacable. Ses mots ont la limpidité de l’évidence et remettent les faits à leur juste place: une adolescente…

Vlad Sokhin, photographe Grand voyageur, ce photographe russe a rapporté de la jungle birmane un reportage sur les femmes qui, de génération en génération, veillent sur le commerce des rubis. D’où venez-vous ? De Koursk, en Russie. J’ai grandi dans une famille typique de l’ère soviétique, sans connaissances artistiques. Pourquoi faites-vous ce métier ? Être photographe, c’est essayer de mieux comprendre les hommes et notre planète. J’aime aussi l’idée de pouvoir partager mon vécu et mes reportages avec des gens de cultures très différentes. Votre moment préféré pendant ce reportage ? Découvrir que ces simples morceaux de pierres extraits de la boue, de la poussière et de la saleté deviennent, une fois taillés, des bijoux qui se vendront au prix fort en Occident. Votre femme préférée ? Ma mère. Sasha Marro, photographe Comment saisir le bel âge,…

ANNA QUÉROUIL. OISÍN ORLANDI (X2). MARIANNE MAIRESSE.…

«J’avais en tête une vieille chanson de Dutronc, Laquelle des deux est la plus snob. Marie termine son petit-déjeuner pendant que Claire se prélasse sur le ventre. Ce sont deux très bonnes copines, on ne sait pas trop ce qui se passe entre elles, elles peuvent tout aussi bien être nues parce qu’elles ignorent la pudeur, ou amantes câlines. Je ne tranche pas. Marie Claire et moi, c’est une belle histoire, j’ai illustré des “Moi lectrice” et la page “Idées claires” pendant deux, trois ans et j’ai beaucoup aimé ça. Ma mère lisait Marie Claire. Dans mon souvenir, le magazine est associé à un numéro des années 80 avec Jane Birkin en couverture, les cheveux au vent, ce qui n’est pas une image d’elle si fréquente. Elle déroulait sa vie…

Daniel Pennac, écrivain “J’y observe parfois la trace du lapin et du renard. En général, ce qui reste de la rencontre est sanglant.” «La neige, pour moi, c’est la maison du Vercors que nous possédons avec ma femme depuis quarante ans. Une ferme isolée posée sur un plateau venteux. En hiver, nous n’avons parfois que le ski comme moyen de locomotion. Lorsque notre fille était petite, nous organisions des chasses aux trésors jusqu’aux falaises situées à environ huit kilomètres. Je la surveillais de loin avec ses copains pour qu’ils ne se paument pas dans les paysages recomposés par les congères. En hiver, nous vivons des moments de calme absolu dans ces paysages neigeux sans fin. Mais ce peut aussi être le lieu où se jouent des tragédies. J’observe parfois la trace du…

Il est sept heures du matin quand Ma Yy Chit Kyi arrive à la mine, au bout d’un petit chemin de terre, qui grimpe comme un serpent dans la jungle. Là-haut, elle tutoie les cimes et domine la vallée, balayée par la douce lumière de l’aube. Un petit autel dédié à Bouddha, chargé d’offrandes, trône dans ce théâtre grandiose. « Je commence toujours par prier. Sans cela, je n’aurais aucune chance de trouver les plus belles pierres. » Et d’ajouter, habitée par cette croyance impérissable : « En plus, comme je suis une femme, les rubis se montrent moins souvent à moi. » À 38 ans, Ma Yy Chit Kyi est une des seules femmes propriétaires d’une mine de rubis, elles sont deux ou trois tout au plus. Comme l’était…