Marie Claire - France Fevrier 2017

Le merveilleux d’un magazine est qu’il est un objet vivant. Un mercredi matin, j’ai vu le dernier film de Thomas Vinterberg. J’ai pleuré dans le noir et lorsque j’ai retrouvé le ciel, j’ai eu la certitude qu’il fallait en parler. Nous avons ajouté une page dans la «Culture»au dernier moment. Il fallait donner la parole à ce remarquable réalisateur danois – auteur de Festen et de La chasse – qui filme les hommes et les femmes avec tant de lucidité. C’est dur, frontal, impitoyablement juste, comme la réalité. La réalité que nous tenons tant à vous donner tous les mois pour que Marie Claire soit votre magazine, que vous y retrouviez, outre la pensée, vos sentiments, vos peurs, vos joies limpides. Anna est présentatrice du journal télévisé, blonde, 43 ans.Son…

Katie Orlinsky Photographe Elle a partagé l’existence des Inuits dans des paysages glacés, un mode de vie menacé par le changement climatique. D’où venez-vous ? De New York, où je vis toujours. Ce qui vous a le plus marquée pendant ce reportage… Passer une semaine avec des chasseurs de baleines, à Barrow, attendre pendant des heures dans l’endroit le plus beau au monde, en étant témoin direct des changements dus au réchauffement du climat. Votre plus grande émotion professionnelle? Photographier et écouter les histoires des jeunes migrantes d’Amérique centrale qui tentent de franchir la frontière des Etats-Unis. Et, simplement, à chaque fois que je survole la chaîne de montagnes Brooks, en Alaska. Un mot pour vous définir ? Forte. Hedvig Jenning Photographe C’est à cet œil remarquable de sensibilité que nous devons la mise en…

1. A Manille, nos reporters Manon Quérouil-Bruneel et Véronique de Viguerie ont accompagné à moto les policiers philippins sur les scènes de crime. Sous le prétexte de nettoyer la mégapole de la drogue, les autorités encouragent l’assassinat de dealers et de toxicomanes. Un reportage («Où est papa?») glaçant. 2. Entracte-selfie entre Brigitta et Margot Davy, les héroïnes de notre fresque consacrée aux Prix d’Excellence de la Beauté. 3. La photographe américaine Katie Orlinsky, qui nous a rapporté les images de «La petite Inuit et la fin du paradis blanc », est une fan de l’Alaska. Elle ne cesse d’y retourner pour suivre la course des meneurs de chiens de traîneau sur l’immensité glacée ou partager les repas de fête de ses amis inuits. 4. Fin de séance sur la scène…

Hélène Fillières Comédienne Plusieurs années de psychanalyse m’ont aidée à comprendre pourquoi j’ai structuré ma vie autour de l’idée du contrôle. Comme si je devais me verrouiller. Comme si j’avais peur de déborder. De dérailler. Peur d’une sorte de monstre en sommeil qui risquerait à tout moment de s’éveiller et de s’échapper. J’ai compris que j’avais peur de moi. De mes pulsions. Alors j’ai appris à les dominer. Radicalement. C’est pourquoi je suis sensible à ceux qui dérapent. Ils me terrifient et me fascinent à la fois. Je les envie. J’envie leur insouciance, leur absence de contrôle. Leur absolue liberté. Moi, je me blinde. Je m’empêche. Je m’entrave. Je suis lucide, trop lucide: une autre forme de folie. La femme rompue, d’après Simone de Beauvoir, avec Josiane Balasko, en tournée du 6 janvier…

Dans une ruelle d’un quartier populaire perché sur les hauteurs de Manille, un corbillard patiente. Justine jette un dernier regard au visage cireux du père de sa petite Angelica, 3 ans, tout de rose vêtue, et qui joue sans comprendre à côté du cercueil ouvert. La jeune femme a l’œil sec et l’air de savoir depuis longtemps que tout finirait ainsi. Son compagnon, Herman Gatbonton, a été tué d’une balle à la poitrine lors d’une opération de police, le 7 octobre 2016. Il prenait du shabu, un dérivé de méthamphétamine qui fait des ravages aux Philippines. Herman est l’une des quatre mille et quelques victimes de cette nouvelle guerre contre la drogue menée par le président, Rodrigo Duterte. Depuis son élection en juin dernier, il a juré d’éradiquer cette «cocaïne…

Dans les remous provoqués par le coup d’Etat avorté en Turquie, en juillet dernier, et la répression qui a suivi, personne n’avait entendu le cri d’alarme des défenseurs des droits de l’enfant. La décision prise, au cœur de l’été, par la Cour constitutionnelle turque de graduer les peines pour les atteintes sexuelles sur mineurs ouvrait en effet une boîte de Pandore, prévenaient-ils: l’abaissement à 12 ans de l’âge du consentement sexuel. Une modification du code pénal validée le 17 novembre dernier par le Parlement. Loin d’une libéralisation radicale des mœurs dans ce pays conservateur, il s’agit, en réalité, de légitimer un peu plus les mariages précoces. «Concrètement, un juge pourra désormais chercher à obtenir d’une préadolescente son “consentement” pour valider une union, explique l’ancienne députée et militante féministe Cigdem Aydin.…