Science & Vie Special No. 47

2 mars 1969. Le prototype 001 de Concorde prend son envol dans le ciel de Toulouse-Blagnac. Quarante minutes de démonstration, dont vingt-neuf en vol. Tous les regards sont braqués sur cet avion racé au fuselage et à la voilure de chasseur. Aux commandes, Alain Turcat n’ignore rien des enjeux. Les hommes du Concorde n’ont jamais caché leur ambi-tion: faire entrer l’aéronautique civile dans le XXIe siècle avec quelques décennies d’avance, et afficher à la face du monde – États-Unis d’Amérique en tête – leur incontestable supériorité technologique. Plusieurs milliers d’heures d’essais plus tard, après bien des péripéties technologiques, industrielles et aussi politiques, Concorde rallie Rio, Barheïn et – enfin! – New York le 22 novembre 1977, 3 h 30 après avoir décollé de Roissy. Le plus grand programme d’avion civil de…

1960 Le “France”, un géant mis à l’eau Avec ses 315,66 m de longueur et ses 33,70 m de largeur, il fut pendant longtemps le plus grand paquebot du monde. Le France est mis à l’eau le 11 mai 1960, après avoir été construit aux Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire. Depuis Le Havre, son port d’attache, il assure de luxueuses traversées transatlantiques et quelques croisières autour du monde, après sa mise en service commerciale en janvier 1962. Symbole de l’élégance française, il peut transporter 2 000 passagers environ et atteindre la vitesse de 34 noeuds, soit près de 63 km/h. Son exploitation sera arrêtée en 1974 pour manque de rentabilité. 1961 Youri Gagarine, premier homme à quitter la Terre Le 12 avril, le pilote soviétique boucle une orbite complète autour de la Terre, réalisant le…

LEEMAGE - J.DIEUZAIDE/AKG - KEYSTONE/GAMMA-RAPHO/GETTY IMAGES…

Comme toutes les grandes épopées industrielles, celle du Concorde fut d’abord une grande aventure humaine. Ingénieurs, techniciens, pilotes, mais aussi politiques: ils furent nombreux, entre 1962 et 1972, à relever le défi… des deux côtés de la Manche. Car tel fut le véritable exploit: mener à bien le projet d’une coopération franco-anglaise comme il ne s’en était jamais vu jusqu’alors. Une première industrielle qui n’allait pas de soi à l’époque, et dont le succès revient tout entier à une poignée d’hommes mettant en commun leurs compétences, la plupart oubliés aujourd’hui. L’occasion de leur rendre hommage. LES AMBASSADEURS Les plus grands promoteurs du Concorde outre-Manche furent sans conteste les membres de la famille royale britannique, la reine et son époux en tête. Ce dernier, pilote passionné, prit même les commandes d’un des prototypes…

Polytechnicien et aviateur, André Turcat est resté dans les mémoires comme le premier à avoir piloté un Concorde, dont il dirigeait l’équipe d’essais côté français. Il est décédé en 2016, à l’âge de 94 ans. En 2007, il accordait à Science & Vie une longue interview sur ses souvenirs de l’épopée collective que fut Concorde, les relations avec les Anglais et le métier de pilote d’essai. Nous la republions aujourd’hui. Science & Vie: Pouvezvous nous dire comment vous avez croisé le chemin de Concorde? André Turcat: C’est la chance des rencontres. J’étais à Nord-Aviation, héritière de l’Arsenal de l’aéronautique, où l’on avait conçu et fait voler le Griffon et le Gerfaut, quand j’ai appris l’intention de Georges Héreil, le président de Sud-Aviation, de construire une Caravelle supersonique. Je l’ai vite informé de…

L’ histoire du Concorde débute dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Si, dans les années 1930, les avions de chasse peinaient à dépasser 700 km/h, Allemands et Britanniques ont permis, durant le conflit, des développements fulgurants. Ils ont gagné en rayon d’action et en précision de navigation. Surtout, les nouveaux moteurs à réaction (dont le principe est la projection de gaz vers l’arrière, ce qui transmet par réaction une poussée vers l’avant à l’avion) leur permettent de dépasser allégrement les 700 km/h. Le premier avion à réaction à voler est allemand: le Heinkel He 178 décolle pour la première fois le 27 août 1939. Les Britanniques suivent le 15 mai 1941 avec le Gloster E.28/39 mis au point par l’ingénieur Frank Whittle, puis les Américains, le 1er octobre…