Science & Vie HS No. 303

Des ibis nippons qui planent au-delà des rizières, leur plumage léché par le soleil mimant la teinte de l’astre couchant. Une scène prodigieuse dans l’archipel japonais, car l’extinction de l’oiseau mythique a été prononcée en 2003, avec la disparition à l’âge de 36 ans de Kin, sur l’île de Sado. Mais… une minipopulation subsistait miraculeusement dans la province du Shaanxi, en Chine, et, après un programme de conservation mêlant tentatives de réintroduction et d’élevage, diplomatie et réforme de l’agriculture, le Japon a vu l’espèce Nipponia nippon renaître de ses cendres. En 2008, les premiers couples étaient relâchés à Sado, convaincant les derniers agriculteurs rétifs de l’île d’abandonner les pesticides pour pouvoir les admirer survoler leurs rizières. Aujourd’hui, ces oiseaux sont des ambassadeurs de l’environnement par centaines, versions réelles du légendaire…

“Dans cette décennie de restauration des écosystèmes, nous devons rétablir les différents niveaux d’équilibre écologique : en nous-mêmes, avec les autres, avec la nature et les autres créatures vivantes, et avec Dieu” Pape François (TWITTER, 5 JUIN 2021) “Jamais la nature ne nous trompe ; c’est toujours nous qui nous trompons” Jean-Jacques Rousseau, ÉCRIVAIN (1712-1778) “Les mesures prises pour limiter les conséquences des vagues de chaleur, qui seront plus intenses et plus fréquentes dans les décennies à venir, sont encore insuffisantes : par exemple, les espaces verts, sources de fraîcheur, manquent encore cruellement au cœur de certaines villes” Valérie Masson-Delmotte, CLIMATOLOGUE MEMBRE DU GIEC (LE JOURNAL DU CNRS, JUIN 2020) “Pas d’eau, pas de vie. Pas de bleu, pas de vert.” Sylvia Earle, OCÉANOGRAPHE (CONFÉRENCE USI, 2020) “J’ajoute que ce sentiment ‘océanique’ n’a rien à voir avec mes aspirations personnelles.…

Les monts d’Arrée en Bretagne, la forêt de La Teste-de-Buch en Gironde, et même le célèbre camping des Flots bleus… Ces zones sont, à l’heure où nous écrivons ces lignes, ravagées par les flammes. En Gironde, le constat est particulièrement catastrophique : 21 000 ha de forêt sont partis en fumée, nécessitant l’évacuation en urgence de plus de 36 750 personnes. La cause de ces drames : une nouvelle vague de chaleur d’une amplitude extrême, seulement dépassée par celle de 2003. Des records absolus de température ont été battus jusqu’au nord de l’Hexagone, avec 41°C à Cayeux-sur-Mer (Somme), 40,4°C à Dieppe (Seine-Maritime), 39,9°C à Calais (Pas-de-Calais) et 39,3°C à Brest (Finistère). Avec des conséquences dramatiques pour la biodiversité : de nombreux oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens et insectes ont soit péri…

En juin 2022, en pleine saison des papillons de jour, l’Observatoire national de la biodiversité a dressé un bilan bien préoccupant concernant ces beaux insectes pollinisateurs : 66 % des espèces vivant dans l’Hexagone ont disparu d’au moins un département qu’elles occupaient au siècle dernier. Accablante, cette régression vient s’ajouter à de nombreux autres signaux d’alerte qui se sont accumulés lors des dernières décennies. Lesquels pointent un phénomène de fond qui ne cesse de s’accélérer : la fonte à vitesse grand V de la biodiversité. “Ce phénomène touche tous les groupes d’êtres vivants, les animaux, les végétaux, les champignons, etc., et tous les milieux naturels, prairies, forêts, océans, régions polaires… Nous sommes en train d’éroder la richesse biologique de notre planète, et par là, les bienfaits de la nature dont…

Ils sont aujourd’hui des milliers à travers la France à collecter des données sur la biodiversité, avec, parmi les associations les plus connues, la Ligue pour la protection des oiseaux, fondée en 1912, dont l’une des missions consiste à aider les naturalistes en herbe et les experts à “observer utile”. Le but ? Recenser les espèces d’oiseaux… ou de hérissons, afin de permettre aux scientifiques de mieux connaître les populations et leurs écosystèmes. Et il existe aussi, à travers le pays, de plus petits collectifs, particuliers ou sociétés savantes, qui se muent en scrutateurs exigeants de la faune, de la flore ou de la fonge. À l’instar des utilisateurs du site internet et de l’application INPN Espèces, un outil de sensibilisation et de connaissance de la biodiversité française mis en…

Le compte à rebours démarré au lancement de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030) est un cri d’alarme : “Il nous reste dix ans pour restaurer la planète.” Ce programme poursuit trois objectifs principaux : “prévenir, arrêter et inverser la dégradation des écosystèmes sur tous les continents et dans tous les océans”. Sans attendre cette échéance, le travail a déjà commencé depuis des dizaines d’années, fruit d’initiatives individuelles, de la volonté d’organismes publics et d’associations. Le nombre et la grande diversité d’actions de restauration menées à travers le monde rendent cependant très difficile la mise en place d’une stratégie unifiée et le recueil de données. Un biais que la Décennie des Nations unies espère en partie corriger : “La tâche que nous poursuivons est colossale.…