DĂ©but dĂ©cembre, Time, le grand hebdomadaire amĂ©ricain, sâest posĂ© la question : 2020 a-t-elle Ă©tĂ© la pire annĂ©e de lâhistoire ? Ăvidemment, le tropisme du dĂ©bat est propre Ă cette nation de «conquĂ©rants optimistes»... Et oui, il y a nettement pire dans lâhistoire du monde, des guerres (Ă lâĂ©chelle de la planĂšte), des Ă©pidĂ©mies dĂ©vastatrices (la fameuse peste noire du Moyen Ăge, par exemple), des famines, des astĂ©roĂŻdes si lâon remonte Ă la nuit des temps⊠Mais pour tous les ĂȘtres humains vivant aujourdâhui, le choc 2020 est stupĂ©fiant. Unique. Au-delĂ de notre expĂ©rience. Beaucoup dâentre nous sommes des enfants de lâaprĂšs-guerre justement, du baby-boom (annĂ©es 1950-1960), les hĂ©ritiers des indĂ©pendances aussi, dâautres sont des kids de la gĂ©nĂ©ration Z (celle des enfants du numĂ©rique), tous acteurs et spectateurs dâunâŠ
FRĂRES DE SANG et frĂšres de scĂšne⊠Câest sous le nom du village de lâOuest camerounais dont sont originaires leurs grands-parents paternels quâEnguerran et Lancelot Harre se sont officiellement lancĂ©s dans la musique. Si le premier assure majoritairement les percussions et la batterie et que lâon connaĂźt le second pour son jeu de guitare, ces deux Français Ă©levĂ©s Ă Caen sont nĂ©anmoins multi-instrumentistes : « Nous sommes frĂšres et jouons ensemble depuis de trĂšs nombreuses annĂ©es, expliquent-ils. Bafang, câest nous, et rien dâautre. Nous avons les mĂȘmes aptitudes instrumentales, et sĂ»rement beaucoup de similitudes dans nos personnalitĂ©s respectives. » Ce qui sâentend dans lâĂ©nergie dĂ©cuplĂ©e de morceaux comme « Mounaye » et « Ngo Mee », ou dans des performances live lors des Rencontres trans musicales de Rennes ou deâŠ
NAFI VA SE MARIER AVEC SON COUSIN, seul moyen, pense-t-elle, de pouvoir quitter son village et partir avec lui Ă©tudier Ă Dakar. Son pĂšre, imam humble et bienveillant, lây encourage⊠mais pas son oncle, qui veut prendre une revanche personnelle sur son frĂšre. Il fait alors venir un islamiste pour faire pression sur la population et imposer une lecture radicale et tronquĂ©e du Coran, afin de prendre le contrĂŽle de la citĂ©. Quand les partisans du cheik crĂšvent les ballons des enfants ou sâen prennent aux tenues des femmes, on pense Ă Timbuktu, dâAbderrahmane Sissako, mĂȘme si lâambition esthĂ©tique nâest pas aussi aboutie. La tragĂ©die se met en place, lentement, dans ce village coincĂ© entre le dĂ©sert et le fleuve SĂ©nĂ©gal, au rythme du pulaar. Câest lĂ (Ă Matam, rebaptisĂ©âŠ
â¶ Zazou Bikaye Mr Manager, Crammed Discs Fruit de lâalliance fructueuse de lâauteur-compositeur et chanteur congolais Bony Bikaye et du multiinstrumentiste et producteur français Hector Zazou, le duo Zazou Bikaye a connu son heure de gloire durant les annĂ©es 1980, avec sa musique entre funk et afrobeat et sa bonne dose de synthĂ©tiseurs⊠AprĂšs avoir rééditĂ© Noir et blanc (1984), le label Crammed Discs offre aujourdâhui une riche réédition de Mr Manager (1985), qui comprend neuf nouveaux titres, dont des inĂ©dits. Un beau cadeau! â· Pierre Kwenders & ClĂ©ment Bazin Classe Tendresse, Nowadays Records «AllĂŽ Dakar / Ici Brazza / Quâest-ce quâon sâamuse Ă Kinshasa / Porto-Novo envoie photo / Tokutana na Malabo»: on vous met au dĂ©fi de ne pas danser sur «Sentiment», lâouverture de lâEP Classe Tendresse, qui cĂ©lĂšbre la collaboration entre leâŠ
AU PRINTEMPS 2020, Emel rend visite Ă sa famille, Ă Tunis, pour fĂȘter lâanniversaire de son pĂšre⊠juste avant que le confinement ne lâempĂȘche de repartir Ă New York, sa ville dâadoption. La voici ainsi avec sa fille dans la maison de son enfance, oĂč trois gĂ©nĂ©rations cohabitent dans une harmonie inattendue, propice Ă la crĂ©ation. La chanteuse replonge alors dans ses racines musicales. Sur deux parties (« Day » et « Night »), elle propose des rĂ©interprĂ©tations de son propre corpus â de « Ma Lkit » à « Sallem » â, puis des reprises de Nirvana Ă David Bowie (exceptionnelle version de « The Man Who Sold The World »), en passant par Rammstein. AprĂšs Everywhere We Looked Was Burning, paru en 2019, qui a confirmĂ© sa popularitĂ©âŠ
CâEST LE PAYS de Khalil Gibran, poĂšte de la sagesse. Et de Fayrouz, chanteuse de la tolĂ©rance. Mais câest aussi un pays Ă bout de souffle, ruinĂ© par la crise Ă©conomique et lâinflation, et mis Ă terre par les explosions dans le port de Beyrouth le 4 aoĂ»t dernier. Depuis un siĂšcle, le Liban sâĂ©vertue Ă se relever de toutes les Ă©preuves. Aujourdâhui, il vit un effondrement intĂ©rieur. Un dĂ©sastre psychologique, qui hante de part en part le carnet de bord de Charif Majdalani. Ses chroniques, Ă©crites pendant lâĂ©tĂ©, tĂ©moignent de la ruine dâun pays et de la rĂ©sistance dâun peuple. Des textes courts, soudainement embrasĂ©s par la catastrophe de ce que chacun a cru dâabord ĂȘtre un tremblement de terre. Mais dont la rĂ©alitĂ© tragique Ă©tait encore une foisâŠ