Rolling Stone France No. 121

LA SURPRISE EST VENUE début décembre, lorsque sur l’antenne de France Inter et au micro de Léa Salamé, le photographe Yann Arthus-Bertrand a déclaré: “J’étais l’exemple de l’incohérence dans laquelle on est tous. À 73 ans, j’aurais dû le faire avant, j’ai quand même émis énormément de carbone dans ma vie.” C’est bien, il s’en est rendu compte, ce qui ne l’empêche pas de faire la leçon, une fois fortune et notoriété faites, aux jeunes générations avec le refrain bien connu: “On est toujours dans ces contradictions permanentes, mais ça n’empêche pas de le dire. C’est ma génération qui est responsable de ce qui est en train de se passer maintenant.” Un mea-culpa hypocrite, relevant de la tartufferie la plus pure. La question reste entière et emblématique de l’époque: pourquoi laisser…

DANS LES COLONNES de notre confrère Variety, on apprend qu’au cours des cinq premiers jours d’exploitation du film de Martin Scorsese diffusé sur Netflix (25 nov. – 1er déc.), The Irishman a enregistré une audience moyenne de 13,2 millions de spectateurs aux États-Unis sur cette période, moins que Bird Box (16,9 millions), mais plus que El Camino: A Breaking Bad Movie (8,2 millions). Mais ce qui a été amusant de découvrir au cours de l’enquête, c’est que quelque 82 % des spectateurs ont abandonné la diffusion avant le dénouement. Il est vrai que le film, hors format – plus de trois heures –, peut être décourageant. Il n’en reste pas moins un film géantissime, interprété avec maestria, qui aurait mérité d’être diffusé… en épisodes. Après tout, ne parle-t-on pas de…

STÉPHANE DESCHAMPS JOURNALISTE, CYCLISTE Chroniqueur et reporter musical aux Inrocks pendant plus de vingt ans, Stéphane Deschamps a publié son premier livre en 2019, Blues Power, Une histoire parallèle du blues. Programmateur. fondateur du festival Les nuits de l’alligator, il aime décliner sous diverses formes sa passion pour les musiques qui sentent la terre et toisent l’horizon, qu’elles viennent d’Amérique ou d’ailleurs. Son endroit préféré dans le monde: n’importe où, mais sur un vélo. Pour ce numéro, il est parti (en train) rencontrer Gliz dans le Jura. ALAIN GOUVRION JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN Passionné de musique, de littérature et de cinéma, Alain Gouvrion a écrit pour de nombreux magazines, y compris celui-ci, dont il fut un temps rédacteur en chef. Également auteur, il a signé plusieurs ouvrages, notamment sur le film Trainspotting et sur Eric Clapton.…

Pink Floyd! Finalement, et bien qu’ayant déjà l’intégrale (deux fois au moins, voire trois) du Floyd, je dois dire que le coffret dont vous vantez les mérites dans votre dernier numéro est plus qu’alléchant: la preuve, je l’ai acheté (et donné aussi une promesse de don de rein…) et, franchement, ça tue. Ces live que l’on se contentait de regarder sur YouTube dans une qualité en dessous du médiocre ont changé ma vie. François (par e-mail) “Alors, votre couverture avec David Gilmour m’a rappelé de bons vieux souvenirs, notamment ce concert à Versailles. Royal!”J.-C., Facebook @swannblue Quelle interview d’Oliviero Toscanidans@RollingstoneFra. Merci @AnnaBnl! ENQUÊTE Trump, ce pourri Je suis une grande lectrice de presse et je dois reconnaître que votre article du mois dernier m’a enfin fait comprendre ce qui se passe précisément sur l’impeachment du président Trump.…

C’EST UN CURIEUX TRAVAIL publié par la revue 1843, éditée par The Economist Group, qui a retenu mon attention ce mois-ci: “A rocker’s guide to management” (“La méthode de management des rockers”). La thèse tient la route: les groupes sont des entreprises comme les autres. Leur mode de management explique, pour partie, leur durée d’existence et leur capacité à créer. Une start-up, c’est comme un groupe d’amis: après les premiers succès, il faut organiser l’expansion, et là, les ennuis commencent. 1843 distingue quatre modèles. Le modèle amical est incarné par les Beatles: un groupe de potes fusionnel. Ça permet l’innovation rapide et la croissance dans une ambiance de travail harassant. Mais c’est une organisation qui ne résiste pas aux difficultés, et que chaque crise risque d’abattre. Deuxième modèle, les démocraties. Celles…

Par une froide soirée d’octobre, lors de l’époustouflante première de son spectacle American Utopia à Broadway, David Byrne demande au public de se lever et de danser. Car s’il vient juste de jouer des versions exubérantes de “Once In A Lifetime” et “Born Under Punches”, la foule est restée assise. “Les gens ne savaient pas s’ils avaient le droit de danser ou si les vigiles allaient les allumer avec des flashlights, s’amusera l’ancien Talking Head quelques jours plus tard. Quand je leur ai dit qu’ils pouvaient se lever et danser, c’est comme si j’avais débouché une bouteille de champagne!” Byrne n’a pas changé, toujours en costume, livrant de brillants soliloques sur le vote, tandis que ses onze musiciens se lancent dans un habile mélange de Talking Heads et de titres solos…