Rolling Stone France No. 140

“Et puis quelque chose d’étrange s’est passé, ça s’appelle la vie d’après mars 2020, quand on ne savait plus faire la différence entre ce qui arrivait en temps réel, en 2020; entre George Floyd et les images de 1969.”QUESTLOVE On a tous en nous un paysage fait de musiques, d’images et de lectures. Un paysage qui nous a nourris, élevés, inspirés. Le mien, c’est l’Amérique. Oh, pas celle du dieu dollar, des fast-foods ou du fameux “rêve américain”, ce piège-paillettes qui vante les mérites de la réussite et de la performance. Mon Amérique à moi, c’est celle que chante le “Boss”, celle que filme Alexander Payne, celle que décrit Jim Harrison. C’est l’Amérique des mavericks, des ramblers, des drifters, des freewheelin’, des outcasts, des hobos… L’Amérique des rolling stones, en somme.…

L’intransigeant Neil Young, fidèle à ses convictions, a demandé à Spotify de retirer l’intégralité de sa musique de son site de streaming, en rétorsion de la diffusion des podcasts du polémiste Joe Rogan (avec lequel la plateforme a conclu un contrat d’exclusivité de 100 millions de dollars), qu’il accuse de “répandre de fausses informations au sujet des vaccins”. Ayant souffert enfant de la polio, hospitalisé puis confiné à domicile avant qu’un vaccin ne soit disponible, “en danger de mort” selon son grand frère golfeur, Bob Young, le désormais “Canericain”, épileptique et victime d’un AVC en 2005, affirmait ne pas vouloir censurer Rogan, mais mettait Spotify devant un choix: “Young ou Rogan”. Audiophile forcené, le promoteur déçu du Pono mort-né, curateur vigilant de ses Archives sonores, vilipendait de plus “le son merdique,…

“Harvest, premier titre, ‘Out on the Weekend’ et mes poils se dressent. Jamais le terme ‘légendaire’ n’a été aussi bien employé. Écoutezle en HD avec un bon converto, c’est du miel. Impensable de qualité pour 1972. On est dans le studio avec lui.”JEAN-LUC (TWITTER) Les granges Quelle interview! Il est sans freins le Neil Young, et ses dernières péripéties, notamment ses démêlés avec Spotify, grandissent encore son image. Quel bonhomme! Et malin avec ça, car loin de perdre des auditeurs, il en a gagné et n’a jamais ramassé autant d’argent que depuis “l’affaire”. Bravo à lui! PIERRE (PAR E-MAIL) Frankenstein! FREAKS LesmembresdeRock andRolHeavenlorsde leurconférencedeprese postopératoire, en1978. Février202 | rollingstone.fr | RolingStone | 33 Mais quelle histoire de malade! Des dingues! Comment peut-on être véreux à ce point pour exiger des artistes de se laisser défigurer comme…

LE MOINS QUE L’ON PUISSE dire, c’est que votre magazine ne s’est pas trompé en mettant Neil Young en couverture le mois dernier. Toujours sur le qui-vive, le vieux guerrier est depuis lors reparti au combat. Un combat comme il semble les aimer, où la victoire improbable compte moins que la geste du combattant. On ne va pas revenir ici sur le détail de la révolte du “Loner”: Spotify qui passe un contrat à 100 millions de dollars avec Joe Rogan, dont certains podcasts ressemblent comme deux gouttes d’eau à du complotisme antivax; Young, qui ne supporte pas le voisinage, énonce un ultimatum sous forme de “lui ou moi”, et Spotify qui noie le poisson, avec le cynisme coutumier de son fondateur Daniel Ek, promettant des “mesures à venir” contre…

1. Red Hot Chili Peppers Black Summer (Warner) John Frusciante est bel et bien de retour. C’est effectivement la guitare éthérée du fils prodige qui rayonne sur ce “Black Summer”. Tout y est, des arpèges délicats aux solos hendrixiens, encadrés par Rick “Magic” Rubin, le seul à savoir transformer les jams des Red Hot en compositions aériennes. 2. Liam Gallagher Everything’s Electric (Warner) Les seconds rôles d’Oasis et de Nirvana sont désormais au premier plan. Dès l’intro massive à la basse tonitruante, c’est gagné. Liam Gallagher plie le game en sortant sa gouaille des grands soirs pour affronter le “feu roulant” de la batterie de Dave Grohl, coauteur de ce brûlot tout électrique. 3. Fontaines DC Jackie Down the Line (Partisan Records) Salués comme le renouveau du postpunk, les frères d’armes de Dublin City sortent leur troisième album…

Comme ça, instinctivement, forte sera la probabilité que son nom n’évoque pas grand-chose au plus grand nombre. Tout juste dira-t-il vaguement quelque chose à l’amateur de punkrock américain puisque, “en temps normal”, Gregor Barnett officie en tant que chanteur et guitariste au sein de The Menzingers, fierté de la vaste et riche scène de Philadelphie et des alentours, à commencer par Scranton, le fief du gang depuis toujours. Sauf que, comme tout un chacun, Barnett en est passé par un temps tout sauf normal depuis deux ans. Un temps fait de confinement, de réclusion, lui qui reconnaît volontiers que le temps de cinq albums et de concerts à un rythme effréné, il n’avait jamais vraiment relevé la tête du guidon avec The Menzingers. La pandémie aura donc marqué un… temps…