Rolling Stone France No. 150

“Pardon pour le cliché, mais on n’a rien trouvé de plus stimulant, en art, que de se fixer des contraintes.”CHRISTOPHE MIOSSEC LA DERNIÈRE CÉRÉMONIE des Victoires de la musique en dit long sur ce que représente aujourd’hui la musique en France et, partant, la culture en général: plus grand-chose en fait et, dans les faits, des clichés éculés de stars d’un jour qui brillent dans un firmament artificiel créé de toutes pièces, en faisant ressortir un côté clinquant qui ne dupe plus personne. D’ailleurs, cette cérémonie jadis très suivie n’a intéressé que 16% des téléspectateurs – se sontils endormis devant leur téléviseur? –, contre plus de 30% il y a encore une grosse dizaine d’années. Bref, du temps de télé pour rien, ou plutôt pour renforcer l’emprise marketing autour de cinq artistes,…

David Crosby 1941-2023 “ON ME DEMANDE PARFOIS si j’ai des regrets. Oui, je regrette énormément tout ce temps que j’ai passé à me défoncer. J’ai peur. Peur de la mort. Et elle est proche.” Ainsi parlait David Crosby dans Remember My Name, le superbe portrait que lui avait consacré, en 2019, le réalisateur A.J. Eaton, et que Peter Travers, de Rolling Stone, a décrit comme “l’un des plus grands documentaires rock de tous les temps”. La mort a fini par rattraper le musicien le plus doué mais aussi le plus indomptable de la West Coast, chez lui, à Santa Ynez, en Californie, le 18 janvier 2023. Il avait pourtant survécu à tout: à ses addictions aux drogues dures, à la prison, aux crises cardiaques, à une greffe du foie et, plus…

1. U2 “With or Without You” (Island) Dire que cette chanson a failli partir aux oubliettes… C’est Gavin Friday, l’ami d’enfance, qui a convaincu U2 de la finaliser. Résultat, le titre est devenu le premier numéro un des Irlandais aux États-Unis. Trente-cinq ans plus tard, elle est encore plus passionnelle, réenregistrée sobrement avec la voix mature de Bono. 2. DeWolff “Night Train” (Provogue/Mascot Label Group) Lancé à fond de train à travers la nuit, “Night Train” est digne des meilleures performances R’n’B des 70’s. Et pourtant, DeWolff est un trio de brothers néerlandais bien actuel. Ils ont su retrouver le feu sacré de la soul rock dans un studio-musée béni comme la chapelle ardente d’Al Green, situé en Bretagne. 3. Smokey Robinson “If We Don’t Have Each Other” (Motown) La voix satinée de Smokey fait toujours autant d’effets…

S’aura fallu attendre onze ans avant d’entendre le fruit de son nouveau labeur, dEUS n’a pour autant jamais manifesté le moindre signe de torpeur. S’il Depuis la sortie de leur dernier élan, Following Sea, en 2012, les Anversois n’ont pas passé une seule année – hors pandémie – sans faire battre le cœur de leur discographie sur scène, de la célébration des vingt ans de leur plus franc succès, The Ideal Crash, à celle de ses titres les plus calmes lors de leur confidentiel Soft Electric Tour. “Entre les sorties très rapprochées de Keep You Close et Following Sea, mon projet parallèle, TaxiWars, l’écriture de mon deuxième film et nos différents concerts avec les gars, je n’ai pas vraiment vu le temps passer, avance l’âme du quintet, Tom Barman. Malgré…

“BOB DYLAN est-il écrivain ?” Dans cette question que pose l’académicien Pierre Assouline en conclusion de sa chronique de L’Express, la réponse réside dans son intention. Tout le fiel germanopratin cuit dans son autosatisfaction, coincé entre Michel Houellebecq et Virginie Despentes, s’y formule. Cet arbitre des élégances éditoriales n’a toujours pas digéré le Nobel de littérature 2016, contre lequel il ne cesse de tempêter dans un verre de Châteldon. Il n’est pas le seul. Annie Ernaux en faisait de même à l’époque, mais elle aura peutêtre été apaisée en obtenant à son tour la distinction ultime: elle est de toute façon trop occupée, depuis, à rager contre l’auteur d’Extension du domaine de la lutte (Maurice Nadeau, 1994). Soyons magnanimes: souhaitons le même improbable destin à l’aigri de L’Express. Et donnons-lui raison,…

Allez, réglons le “problème” d’entrée de jeu. Oui, Hewson, ci-devant gosierfrontman-parolier d’Inhaler, sonne comme son père. Chante comme son père. C’est vrai sur disque, le précédent (It Won’t Always Be Like This) comme le nouveau (Cuts and Bruises), et peut-être davantage sur scène. Sur certaines chansons en particulier, surtout quand la voix s’élève : “It Won’t Always Be Like This”, “When It Breaks”, “Who’s Your Money On”, hier; “Love Will Get You There, “These Are the Days”, aujourd’hui. Et quand bien même l’on pourra lui trouver des faux airs de Jeff Buckley (qui n’a pourtant rien à voir dans l’équation), quasiment impossible de regarder une photo du “gamin” sans penser à la tronche du paternel à peu près au même âge (23 ans), lorsque ce dernier déroulait poses et moues au…