Rolling Stone France No. 143

COMPLET! On se souvient de cet écriteau déceptif devant les guichets lorsque, malencontreusement, on n’avait pas réservé son billet. Et de repartir penaud, ou de payer le double du prix à un revendeur à la sauvette, qui, souvent, refourguait des faux. La double peine, comme qui dirait. Hélas, ce panneau semble appartenir à “la vie d’avant”, d’avant ce Covid qui nous a fait perdre tout repère, toute habitude de sortie, et a développé des inquiétudes quant aux grands rassemblements. Épidémie par-ci, contagion par-là, on l’a assaisonné à toutes les sauces. Cependant, grâce aux vaccins et aux gestes barrières, le virus a perdu de sa virulence, et sa létalité a considérablement diminué. Aujourd’hui, la vie reprend ses droits et la musique en fait partie. Mais l’inquiétude reste, persiste, malgré un contexte…

Les plus observateurs d’entre vous auront remarqué que le Rolling Stone magazine qu’ils tiennent entre leurs mains semble plus épais et comporte plus de pages. Ce qui, dans un monde où le prix du papier ne cesse de flamber et où la presse écrite est sacrifiée sur l’autel du web, pourrait s’avérer une anomalie. Ce n’en est pas une, bien au contraire: notre dossier “spécial festivals” prenant beaucoup de densité et de pages, il nous a paru opportun d’ajouter un cahier de 16 pages afin que les lecteurs continuent de bénéficier d’un magazine agréable à lire, avec des reportages, des enquêtes, des dossiers, des critiques de disques, des réflexions et de belles interviews, dont Rolling Stone a le secret, et qui font son succès depuis des décennies. Donc 116 pages pour passer…

1974-2022: CI-GÎT L’ENGAGEMENT ÉLECTORAL des artistes français, inauguré par les T-shirts “Giscard à la barre” sur les poitrines de France Gall et de Brigitte Bardot. Paradoxalement, c’est alors que l’extrême droite n’a jamais été aussi puissante que ceux qui la combattaient par essence se sont désarmés. On pourrait rêver que ce soit parce que leurs chansons le font pour eux, à la manière dont John Lennon répondait lorsqu’on lui demandait si les Beatles allaient composer une chanson contre la guerre: “Mais toutes nos chansons sont contre la guerre!” Le sujet est malheureusement plus complexe. Sans spéculer sur ceux d’entre eux qui auraient voté pour Marine Le Pen, la plupart n’ont sans doute pas voulu s’aliéner une part désormais conséquente de leur public (n’est pas Neil Young qui veut), tétanisés par la…

Mais il a l’air en pleine forme Keith! Vaut mieux, vu qu’il repart sur la route. Déjà son petit set qu’on a pu voir sur YouTube avec les X-Pensive Winos laisse augurer le meilleur. Merci encore pour cette très belle interview sans langue de bois.DANIEL (FACEBOOK) Black Keys Deux sujets en deux numéros d’affilée sur la galaxie Auerbach? Du coup, deux courriers d’affilée à votre magazine! Comme je vous le disais le mois dernier, le catalogue Easy Eye Sound est du vrai, du roots. Quant au disque des Black Keys, suite logique de Delta Kream… Je pense qu’il va finir dans votre top de l’année 2022. CHRISTIAN (PAR E-MAIL) Privé Quelle enquête, c’est édifiant! L’article sur les concerts privés m’a bien fait rire. Moi qui pensais bêtement que nos amis les grandes stars vivaient grand…

JE ME SOUVIENS DES DÉBUTS, qui semblent si lointains et sont pourtant si proches. Nous sommes en 2007, Twitter est encore une toute petite équipe hébergée dans un seul étage d’un immeuble banal de San Francisco. Tout y respire le bricolage, l’atmosphère des start-up telle qu’on l’imagine, et l’émerveillement des pionniers qui n’en reviennent pas d’avoir créé un univers quand ils pensaient avoir inventé une fonctionnalité. Les utilisateurs tâtonnent, hésitent entre contribution au débat et partage d’états d’âme, la télévision y voit un endroit idoine pour entretenir le lien avec les programmes entre deux diffusions, et crée bientôt les premiers comptes de personnages de fiction, qui “dialoguent” avec l’audience. Elle est vite rejointe par le monde de la musique, où s’expriment artistes, fans, et même artistes morts (aux bons soins…

“Surtout ne le dites à personne!” Je suis allé saluer l’“Old Motherfucker”, tout seul sur un fauteuil dans un coin du salon Bertrand de la mairie de Paris où il représentait la Belgique dans une émission consacrée à la Francophonie, et lui ai lancé: “Vous êtes un génie”. Le personnage est extraordinaire, à l’esprit surréaliste unique, tellement décalé, drôle et truculent, d’une profonde humanité. Pour les Français, avec son style râpeux, blues et rock cousin de celui de Tom Waits, il incarnait la Belgique, son humour, sa chaleur, sa tendresse, son multiculturalisme, son “bazaar”, comme il le qualifiait. Ils lui vouaient une affection semblable à celle réservée à Bashung et à Gainsbourg. Pour les Belges, il était un symbole. À Bruxelles, pour des “Nocturnes” avec Georges Lang, Fabienne Vande Meerssche, icône de…