LA FORCE ET L’ÉMOTION
« On peut dire des Russes, grands et petits, qu’ils sont ivres d’esclavage. » Cette phrase du marquis de Custine résonne inconsciemment dans la mémoire des Français sitôt qu’ils abordent le sujet de la Russie. Une terre aussi vaste résumée par un cliché aussi réducteur : pendant longtemps encore, la compréhension du monde russe pâtira de cette image de brutalité, association de pouvoir fort et de soumission des masses, que l’histoire, de Lénine à Poutine, comme l’actualité récente, ne sont pas près d’effacer. Autant dire que cet empire de la démesure, promontoire des élans mystiques ou idéologiques les plus radicaux, demeure encore mal connu, nimbé de jugements à l’emporte-pièces, obscurci par la face envahissante de ses dirigeants, lesquels se sont donnés pour rôle, comme si aucune autre conduite n’était possible, de…