Marie Claire Style

CE NE SONT QUE QUELQUES MÈCHES FOLLES, INDISCIPLINÉES, VIREVOLTANTES… Une jolie tête pas coiffée sur une silhouette ultra-maîtrisée. Pourtant, c’est le petit pas de côté – ici (prop)osé sur le podium Miu Miu – qu’il nous fallait pour donner à cette saison automne-hiver 2023-2024 un peu de fantaisie. Car certes, l’hiver sera classique. Tenu. Bourgeois, parfois. Minimaliste, souvent. Une mode refuge et rassurante, où les repères sont en place et les codes contrôlés. Les blazers, tailleurs-pantalons, dufflecoats, chemises blanches, jupes crayon, mocassins et autres petites robes noires seront légion, dans des tons sobres et sourds, signant notre rentrée dans le rang – et la fin d’une excentricité pensée pour les réseaux sociaux ? Mais ce classicisme d’apparence bon teint pourrait se révéler plus subversif qu’attendu. Plus drôle aussi. Les carrures un…

HASARD OU COÏNCIDENCE ? Alors que la plupart des maisons se sont engagées à arrêter de produire des vêtements en véritable fourrure (de Chanel à Balenciaga en passant par Saint Laurent), on n’avait jamais vu autant de manteaux à poils et à plumes sur les podiums. Cet automne, on jouera avec toutes les déclinaisons des imprimés animaliers: façon Cruella dans le film Les 101 Dalmatiens chez Stella McCartney (qui s’est toujours refusée à utiliser de la fourrure dans ses collections), léopard chez Ferragamo ou bien zébré chez Valentino. Plus audacieuses, les plumes que l’on a aperçues vert d’eau chez Bottega Veneta, solaires chez Nina Ricci et rouge carmin chez Dolce & Gabbana. Quant à Daniel Lee, il a collaboré avec le plumassier Lemarié dans le cadre de sa première collection…

QUI A PU OUBLIER LES ÉPAULES MARQUÉES DES TAILLEURS de l’actrice Melanie Griffith dans le film Working Girl (1989)? Ces formes très dessinées, voire un poil surdimensionnées pour accentuer la carrure (dans tous les sens du terme), signaient alors l’allure de ce « power dressing » au féminin, très en vogue dans les années 1980. Est-ce un effet de l’«empowerment» des femmes dans la société aujourd’hui? En tout cas, ces «bold shoulders», comme on dit en V.O., s’inviteront sur les vestes et les manteaux de la rentrée prochaine. Le moteur de recherche Tagwalk a ainsi noté une augmentation de cet effet de style de plus 35% par rapport à l’automne-hiver 2022. On le retrouve chez Balenciaga évidemment, qui s’en est emparé depuis les débuts de son directeur artistique Demna Gvasalia…

COMME UN BESOIN DE VENT D’OPTIMISME pour mettre dernière nous la période de la pandémie ? Un esprit de fête a en tout cas envahi les podiums depuis quelques saisons. On n’attend plus le 31… pour justement se mettre sur son 31. La robe de soirée a remplacé le pantalon mou qui a marqué cette ère de « loungewear ». Elle se décline sur des modèles majestueusement longs avec des savants jeux de drapés qui évoquent le travail de la haute couture. Hyper-échancrée dévoilant les jambes chez Victoria Beckham et Blumarine, asymétrique chez Ferragamo et Jason Wu ou encore en nuisette revisitée par Loewe. Balenciaga en a imaginé une version très couvrante avec un nœud façon lavallière qui confirme sa maîtrise de l’exercice du tapis rouge. FILIPPO FIOR/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. FILIPPO FIOR/ COURTESY…

DES GROS MANTEAUX POUR LE PRINTEMPS ? Des débardeurs en hiver ? Cela fait plusieurs saisons que les marques de mode ne suivent plus la météo mais s’adaptent à tous les climats, globalisation et réchauffement climatique obligent. Pour autant, la peau lainée reste un incontournable du vestiaire hivernal, une valeur sûre contre le froid, héritée de la nuit des temps. Les créateurs ont convoqué, pour mieux les revisiter, les grandes icônes du genre. Bombardier chez Blumarine et Isabel Marant, long manteau chez Chloé et Ermanno Scervino ou encore façon Perfecto doublé chez Tod’s. Un basique qui traverse le temps dans lequel il ne faut pas hésiter à investir. Une pièce comme on dit. ISIDORE MONTAG/COURTESY OF COACH. LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. DANIELE OBERRAUCH/ LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. PAOLO LANZI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.…

À CHAQUE SAISON SA COULEUR DE PRÉDILECTION. Pour le printemps prochain, ce sera le rouge. Pas un sous-pull bordeaux que l’on glisse discrètement sous sa veste, mais plutôt un rouge pétant qui se porte en total look, des pieds à la tête. Première couleur à avoir été utilisée en Occident, la teinte est loin d’être anodine. Elle évoque autant le sang qu’un certain faste, l’enfer que certains partis politiques révolutionnaires. L’historien français Michel Pastoureau lui a même dédié un ouvrage paru au Seuil en 2016. La saison prochaine, la teinte se prête à tous les styles et à toutes les formes. En tailleur-jupe fluide Stella McCartney, sur une silhouette à volants Victoria Beckham, en cuir chez Prada et Marni, à poils avec chapeau coordonné chez MSGM ou encore façon doudoune…