Vogue France Avril 2022

Une irrésistible envie de nouveauté préside ce numéro de printemps. Avril, c’est l’attitude, la couleur et le bon tempo mode joué par Akon, visage des podiums en qui on croit plus que jamais à Vogue France. Née dans le tumulte soudanais, élevée dans la douceur d’Adélaïde près de l’océan Austral, celle qui s’approprie les tendances fortes de la saison raconte l’exil, le black empowerment, les réseaux sociaux et la sororité, si importante pour elle sur la planète mode. Sororité, c’est le mot qui définit la nouvelle garde de Miss Vogue, page_96. Nous avons choisi de faire gagner non pas une mais quatre femmes à l’issue de notre grand casting initié sur vogue.fr et Instagram. “Trop petite, trop curvy, pas assez, trop grande gueule, trop typée…” Najma, Eve, Maxie et Ludan…

PHILIPPE JARRIGEON “Dans ce monde très sérieux, j’essaie d’amuser…” Telle est la maxime du photographe français, qui évolue entre mode et musique, travaillant pour les grandes maisons (Chanel, Hermès, les magazines Double, Dazed, M Le Monde, The New York Times, Interview, Vogue, W…), tout autant que pour les grands artistes – il a signé la couverture de l’album Bush de Snoop Dogg (2015), et réalisé le clip de L’Amour en solitaire de Juliette Armanet (2018). En 2021, est sorti son premier livre Play (éd. RVB Books). Dans ce numéro, nous lui laissons toute latitude pour exprimer sa fantaisie et son humour empreint de pop culture dans notre série “La Ronde des heures” (p. 78). Nicolas Bianciotto Directeur de casting dont l’approche unique de la diversité des profils a fait le succès, Nicolas Bianciotto…

La nouvelle disposition de la loi AGEC (Anti-gaspillage et économie circulaire), entrée en vigueur en janvier, interdit la destruction des invendus non-alimentaires. De fait, les maisons de mode n’ont plus d’autres choix que de repenser leur écosystème, en amont et en aval, pour se tourner vers la circularité. Avant, ce qui ne trouvait pas preneur était jeté, incinéré, détérioré. Aujourd’hui, il doit être revalorisé. Jordane Salomez, cofondateur d’Actform (une agence de conseil qui aide notamment les marques à transitionner vers le développement durable) et d’ERE Foundation (une organisation qui connecte les créatifs à des causes via des projets artistiques), livre les clés de cette lutte, désormais incontournable, contre le gaspillage de l’industrie textile. COMMENT LES MAISONS DE MODE PEUVENT-ELLES ÉVITER LA SURPRODUCTION? Il faut traiter le problème à la source pour limiter…

L’actualité des combats qui s’intensifient, des civils fuyant leur pays, des villes détruites… s’est télescopée aux instantanés d’une Fashion Week qui battait son plein, créant une dichotomie d’images entre le drame et le plaisir. D’un seul coup, la mode semblait plus superficielle que jamais, surtout qu’après deux ans de présentations digitales pour cause de Covid et de confinement, elle reprenait avec d’autant plus d’enthousiasme et d’opulente visibilité, le rite du grand show, avec sa cohorte de stars, d’influenceurs, de very important clients… Que pouvait bien faire là toute cette mise en scène de vêtements – même si, pour le secteur, c’est une célébration des maisons, la somme de travail des créateurs? D’un côté l’exubérance, et de l’autre le noir, polarisés par la concomitance fortuite d’un événement de plaisir face au poids…

En septembre 2021, Donatella Versace et Kim Jones de Fendi ont échangé leurs rôles le temps d’un show surprise présenté à la Fashion Week de Milan, la première à se tenir physiquement dans la ville italienne depuis dixhuit mois. Les deux créateurs ont chacun réinterprété les codes de la griffe de l’autre pour livrer une collection inédite baptisée “Fendace”. Si c’était l’occasion pour eux de “sortir de leurs quatre murs” et d’offrir au monde “quelque chose d’unique et d’inattendu”, le duo insiste: ce n’est pas une collaboration. “Nous avons bien entendu consulté nos archives respectives, mais sinon, nous avons travaillé chacun de notre côté, explique Donatella. Et nous avons gardé le secret jusqu’au dernier moment.” L’idée leur est venue lors d’un dîner entre amis en Italie, auquel participait également Silvia Venturini…

Chitose Abe, fondatrice et directrice créative du label expérimental Sacai, s’est associée à Cyrille Vigneron, Pdg de Cartier, pour réinterpréter l’emblématique collection “Trinity” du joaillier. Vestes superposées à imprimé camouflage, cardigans austères rehaussés de cacheoreilles… Réputée pour ses créations hybrides, Chitose Abe était une candidate tout indiquée pour célébrer le design à trois anneaux qui n’avait pas bougé depuis presque un siècle. Tout commence il y a trois ans, quand la designer rend visite à l’équipe de création de Cartier pour lui commander une bague Trinity sur mesure, rien que pour elle. Son rêve commence à prendre forme, et des croquis et des prototypes sont rapidement élaborés. La maison Cartier a l’habitude de réaliser des commandes spéciales pour des clients spéciaux – pensez à la célèbre broche flamant rose de Wallis Simpson…